Exode




Exode
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Ça se déplace à l'allure d'un point final,
il a son parcours recroquevillé sous la peau,
autour de lui les ondes de l'espace se dispersent,
on dirait la proue d'un bateau ou une île au milieu d'un fleuve.
Il est lourd et graisseux, c'est une chance que le temps ne se frotte pas à lui pour le freiner,
il est en dehors du temps, c'est un monde à soi.
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Souvent, la démesure pèse sur d'autres mesures.
Je me souviens du crépis gris de mon pavillon où s'égratignaient les nuages et mes coudes,
je me souviens aussi de mes peaux qui pellent après avoir trop pris le soleil,
que sous mes pieds on trouve des os de dinosaures,
j'en avais déterré un dans la cour de l' école, avec un copain,
c'était peut-être un os de bœuf, à la place de la moelle, c'était de la terre.
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Dans le ciel, il y a des oiseaux, il y a les vols des cormorans qui sont grands comme des astéroïdes.
Je sens le souffle des ailes des mouches qui me frôlent.
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Dans le ciel, il y a aussi des avions, la lune et le soleil.
L’atmosphère où se mêlent nos expirations filtre la voie lactée.
Dans les pores de ta peau je sens ton chemin recroquevillé,
je sens que je t'aime à travers le temps.
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Le grand et le petit partout se côtoient,
il y a toujours plus grand quand on regarde loin,
toujours plus petit quand on regarde de près.
Au milieu ce sont nos yeux qui filtrent.
En dehors de tout ça, tout est réel mais rien n'existe.
Il reste plus rien.
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Il reste l'allure des points finaux,
le bruit gras des explosions où tout se mêle,
les avions, les cormorans, les coups de soleil, les dinosaures,
les chemins engoncés, ce qu'on aime au-delà du temps.
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